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Chercher de l’or: un peu, beaucoup… à la folie!

couler 3 onces d'or

La prospection: chercher les plus beaux cailloux

Par Émélie Rivard-Boudreau

 

Cela fait près de 100 ans que les chercheurs d’or accourent dans les forêts abitibiennes. Dans l’épisode Cailloux, de la série Abitibi360, la géologue et prospectrice Aline Leclerc, ne s’en cache pas:  «Le but ultime c’est de trouver une mine». Au fil des années, de nombreux aspects du métier ont changé. Par contre, la rareté des gisements potentiels, elle, demeure toujours. « C’est comme le ciel», compare la géologue Aline Leclerc, doyenne de la prospection minière. « Il y a beaucoup de monde, mais peu d’élus! », affirme-t-elle avec sagesse. 

 

robert aline cailloux

L’esprit d’aventure

Pour les chercheurs d’or, ce n’est pas la fonte des neiges qui annonce le printemps. C’est plutôt «la poussée des roches». Mais pourquoi s’entêter à chercher sans répit ces roches précieuses sachant très bien que la découverte d’un gisement exploitable soit si peu probable? Il semble que la réponse réside dans le chemin pour y arriver. Au-delà de l’excitation que suscite la possible découverte, s’immerger en forêt isolée apporte son lot de stimulations. Les arbres, les animaux, les champignons, les roches rendent les séjours exploratoires des plus passionnants. « Moi, c’est ça que j’aime. De chercher!», confie le géologue et prospecteur Robert Gagnon, qui apparaît aux côtés d’Aline Leclerc dans Cailloux

 

En mémoire des frères Céré

Outillés de GPS, radios, téléphones cellulaires ou satellites, roulottes et véhicules tout-terrain (VTT),  les prospecteurs se rendent sur les terrains qu’ils ont dans leur mire et qu’ils ont claimé. Aujourd’hui, un claim s’obtient sur Internet, Une réalité qui n’a rien à voir avec celle des premiers prospecteurs de l’Abitibi, comme les frères Céré (Léo, Gustave, Toussaint et Roméo), qui, en l’absence de routes, partaient à pied ou en canot pendant des semaines avec leur sac à dos. 

« Ces gars-là entraient dans le bois avec une canne de beans, puis des sacs de thé pour une semaine, quinze jours, ou un mois. Leur canne de beans, quand ils l’avaient mangée, ça servait de théière. Ils trappaient, ils chassaient, puis ils survivaient! », admire Aline Leclerc, qui cherche toujours de l’or à plus de 70 ans!

 

Trouver d’autres trésors

Quand elle ne cherche pas de l’or, Aline Leclerc part à la recherche des Morilles. Tout au long de sa carrière elle s’est inspirée des pionniers dont certains qu’elle a côtoyés. Dans le livre «Val-d’Or», l’auteur Denys Chabot raconte que lorsque les quatre frères Céré sont partis de Maniwaki, en 1927, pour chercher de l’or en Abitibi, ils étaient à peine âgés de 10, 12, 17 et 23 ans. Eux aussi trouvaient d’autres trésors sur leur route. Ils trappaient le lièvre et le castor, chassaient l’orignal et pêchaient pour manger ou vendre 0,10$ chaque prise. 

« C’était une époque difficile. Ils ne voyaient pas leur femme et ils n’avaient même pas de radio pour dire s’ils étaient blessés. Il fallait qu’ils comptent juste sur eux-autres », renchérit Aline Leclerc. En revanche, les premiers prospecteurs de l’Abitibi avaient beaucoup de riches gisements à se mettre sous la dent. Aujourd’hui, les nouvelles découvertes d’envergure se font rares. Si bien qu’il n’est pas rare, sur des terrains considérés comme pauvres ou stériles autrefois, devoir une mine pousser aujourd’hui…

 

Trouver des mines par ordinateur

Les géologues et les prospecteurs se rendent beaucoup moins en forêt. « À l’époque, c’était une course contre la montre. Aujourd’hui aussi,  mais c’est à 9 h le matin, sur ton ordinateur, et puis le premier qui arrive, c’est lui qui a les claims », explique Aline Leclerc. En fait, les titres miniers s’acquièrent aujourd’hui par le système informatique de l’Énergie et des Ressources naturelles, GESTIM

Jusqu’en 1998, armés de leurs piquets (et parfois, semble-t-il, de vraies armes), les prospecteurs accouraient sur le territoire pour délimiter les propriétés. « Il y avait beaucoup de prospecteurs », se souvient Aline Leclerc. « Quand un territoire ouvrait pour le jalonnement, tu voyais arriver tous les prospecteurs et les géologues. Qui serait le premier sur le poteau numéro 1 pour jalonner un claim? C’était plaisant de voir le challenge que chacun avait de se dépêcher d’entrer dans le bois et d’aller chercher la portion du territoire qui serait le mieux. C’était vraiment une belle époque! ». 

 

Prospecteur, un métier en voie de disparition

La fin du jalonnement a donc eu pour effet de pratiquement faire disparaître le métier de prospecteur. « Dans le temps, quand j’avais affaire à certains prospecteurs, ils me disaient que l’usage du fax était compliqué pour eux. Donc imaginez quand c’est rendu au niveau des ordinateurs! Cette vieille garde-là, n’a pas vraiment embarqué dans le virage technologique », remarque Robert Gagnon. 

Les prospecteurs accomplissaient aussi d’autres travaux sur le terrain, comme des relevés géophysiques ou de géochimie. « Aujourd’hui, ça se fait beaucoup par hélicoptère ou par avion, alors il n’y a plus beaucoup de travail qui rapporte gros lui. Le prospecteur, quand il va prospecter, il n’est pas engagé par une compagnie. C’est à ses frais!», laisse savoir à son tour Aline Leclerc. 

 

Être les bienvenus

La facilité avec laquelle les titres miniers peuvent aujourd’hui être acquis choque parfois la population. En 2012, un résidant du village de Ripon, en Outaouais, a voulu le démontrer en faisant lui-même l’acquisition de claims pour le sous-sol de sa propriété afin de le protéger de l’exploitation minière. Et oui! Parce que l’or sous votre maison ne vous appartient pas nécessairement… Les prospecteurs ou les entreprises d’exploration sont néanmoins obligées vous demander l’autorisation pour amorcer des travaux sur votre terrain. 

Au fil des années, Aline Leclerc a remarqué que les prospecteurs sont moins bien bienvenus qu’avant sur les terrains privés. « Avant, on demandait la permission aux gens, ils disaient «oui, oui! Si tu trouves une mine sur ma terre, ils vont m’acheter et je suis ben content! »», raconte la chercheuse d’or aguerrie. Aujourd’hui, comme tous les autres prospecteurs, doit plonger sa main dans le porte-feuille pour accéder aux trésors. «Compenser pour ce que tu brises, ça a du sens. Ça aurait toujours dû être comme ça. Mais je pense que le balancier est rendu un peu trop loin. Ça fait beaucoup de pertes de temps et d’argent aussi. Puis le nerf de la guerre, c’est  l’argent! ». 

 

Et « claimer » son terrain pour le protéger, ça marche? Oui… Dans la mesure où vous effectuez des travaux dessus

 

Bonne exploration!

 

Prochaine étape: couler son propre lingot d’or!

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