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En canot entre l’Abitibi et Montréal: une expédition mémorable

Expédition Expo 67 Mattawa

Rouyn-Noranda/Montréal en canot: une expédition mémorable

 

Par Émélie Rivard-Boudreau

Photos d’archives Canotiers du Nord-Ouest

Quel périple que celui parcouru par les Canotiers du Nord-Ouest en 1967! Tel que raconté par Paul Lemay, dans l’épisode Pagaie de la série Abitibi360, l’Expé/Expo67 a regroupé 55 canots et 110 hommes pour pagayer de l’Abitibi-Témiscamingue jusqu’à l’Expo 67 de Montréal. L’expédition elle-même était un événement historique, à la fois pour les participants et pour la région, sans compter la symbolique historique des lieux où ils sont passés et l’événement majeur auquel ils ont assisté.

 

départ de rouyn à montreal

Rémigny

Après leur départ au lac Osisko à Rouyn-Noranda, le passage à Rémigny marque une étape importante pour les aventuriers. Les résidents de ce petit village du Témiscamingue, situé sur une presqu’île, ont réservé un accueil magistral aux canotiers, qui quittent l’Abitibi pour se diriger vers le sud. Un message rédigé à leur attention était lourd de sens. 

« Vous n’êtes pas un groupe ordinaire de sportifs. Vous êtes les valeureux messagers de notre région vers la Terre des hommes. […] Que le canot blanc, désormais, soit le symbole de tout ce qu’ont fait les bâtisseurs de notre région. […] Messieurs les canotiers, allez dire au carrefour international de l’Expo que nous existons, que nous fraternisons avec tous nos compatriotes, avec nos frères et toutes les contrées. Allez leur prouver que les héros continuent de fleurir dans le nord. Allez leur dessiner les traits de notre race », leur a-t-on lu.

« Ici, c’était une première étape de franchie. On s’en allait vers Angliers, les rapides et le lac Témiscamingue », s’est souvenu Paul Lemay en revisitant les lieux. L’endroit fait d’ailleurs partie d’un parcours navigable à découvrir pour les amateurs et les amatrices de canot ou de kayak. 

 

Pagaie tournage Lac Témiscamingue

Le lac Témiscamingue

« En avant, le lac Témiscamingue. Les portes du sud. C’est là que le voyage commence vraiment », expose Paul Lemay, alors qu’il revisite le pont de Notre-Dame-du-Nord, 52 ans après son épopée. Pour le jeune canotier de 21 ans qu’il était à l’époque, le cours d’eau a été le plus marquant de son périple. Situé à la frontière de l’Ontario et du Québec, il s’étend sur une longueur de 108 kilomètres et d’une superficie de 304 kilomètres carrés.  Son nom issu de l’algonquin signifie « l’endroit où l’eau est profonde ». 

« On avait tous fait des petits lacs d’Abitibi, avec les fonds plus terreux, une eau plus brune, et lorsqu’on arrive au lac Témiscamingue, c’est l’ouverture! C’est un lac pour lequel on a tous un grand respect et on va le traverser avec nos petits canots. Il est de toute beauté », admire le canotier. 

Encore aujourd’hui, le lac Témiscamingue est un plan d’eau prisé non seulement pour la navigation, mais aussi touristiquement pour la majesté des routes et des villages qui l’entourent, tant au Québec qu’en Ontario

 

Presque arrivé à Montreal

Rivière des Outaouais

Après avoir quitté l’immensité du lac Témiscamingue, les canotiers sont pénétrés dans la rivière des Outaouais, la huitième plus grande rivière du Canada et le principal affluent du fleuve Saint-Laurent. Ils étaient rendus sur un cours d’eau qui a servi de route majeure pour l’histoire de l’Abitibi et du Témiscamingue, notamment par les Anishnabe, et pour la traite des fourrures – un pan de l’histoire mis en valeur à l’ancien poste de traite au lieu historique national d’Obadjiwan-Fort-Témiscamingue. Un autre lieu historique important se trouve à la pointe Opémican, devenu récemment Parc National.

Pointe opémican en canot

Pointe Opémican photo prise lors du tournage de Pagaie

 

« Sur la rivière des Outaouais, ce qui m’a frappé, ce sont les grandes structures, comme les écluses du Canal-de-Carillon. Il y a eu aussi le centre nucléaire de Chalk River », se souvient Paul Lemay. 

 

Expédition Expo 67 Mattawa

Montage Nadagam Films

Mattawa

Lors du tournage de Pagaie, Paul Lemay a remis les pieds à Mattawa. Instantanément, les souvenirs lui sont revenus. « Quand on arrivait, les 55 canots s’en venaient et on est tous rentrés en file. Vraiment tous bien programmés, on faisait notre spectacle d’arrivée. Des responsables de la municipalité nous attendaient, puis il y avait eu un petit discours. Les gens se retournaient, il y avait un village de tente qui était apparu ». 

Le site lui rappelle aussi l’importance de l’équipe de terre, qui a suivi les canotiers tout au long de l’expédition. Grâce à cette brigade, pas besoin de penser à se nourrir, ni à nettoyer ses vêtements! « Quand l’équipe de terre arrivait en ville, comme à Mattawa, elle allait faire l’épicerie. Nous, tous les soirs, on nous donnait un panier, avec toute la nourriture de la journée, du lendemain et des fois deux jours, parce que des fois, on ne pouvait pas rencontrer l’équipe de terre », décrit Paul Lemay. Et pour nourrir 110 hommes, il fallait beaucoup de nourriture! « Imagine-toi quand tu arrives à Mattawa et que tu veux acheter des pains. Tu achètes tous les pains de Mattawa! De la sauce à spaghetti? Tu achètes toute la sauce à spaghetti de Mattawa et tu es même obligé d’aller dans le village d’à côté. Ça a été toute une organisation!»

Le parc provincial (Ontario) de la rivière Mattawa est particulièrement connu pour ses itinéraires canotables.  « La Mattawa coule le long d’une ligne de faille qui remonterait à 600 millions d’années, à travers une série de chenaux, de lacs et d’étangs. Son itinéraire compte plusieurs rapides, une chute d’eau de huit mètres et 14 portages », vante Parcs Ontario

 

Montréal

Au bout de 26 jours, les valeureux ont atteint leur objectif. De sa petite radio logée dans la pointe du canot, Paul pouvait entendre Charles de Gaulle prononcer son célèbre discours. 

Nous étions fiers de ce qu’on avait accompli.

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