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La trappe en harmonie avec la nature

Trapper en harmonie avec la nature et l’environnement

Par Émélie Rivard-Boudreau

 

L’Gros Trappeur passe chaque année des centaines d’heures en forêt. Il est à l’affût de chaque petite trace, chaque petit son, chaque excrément, chaque petite odeur… Mais il ne faut pas s’en cacher, sa passion l’amène à enlever des vies animales – un acte qui est dénoncé par des militants pour la défense des animaux. Dans l’épisode Fourrure, d’Abitibi360, Pascal Laliberté nous laisse l’accompagner dans sa quête du mythique ours noir. Et si on s’intéressait à quelques côtés méconnus – ou souvent oubliés – de son métier de trappeur?

 

animaux nuisibles

Des animaux nuisibles?

Alors que l’étalement urbain, l’activité industrielle, les opérations forestières ou l’exploitation minière perturbent l’habitat d’une multitude d’espèces animales, il est de plus en plus fréquent qu’un coyote visite un village, qu’un ours se promène dans une cour d’école, qu’un castor se construise maison dans une calvette ou que des ratons laveurs se délectent sur un balcon. D’ailleurs, certains d’entre eux ont même la capacité d’ouvrir un bac à déchets en moins de 30 secondes!

C’est donc grâce à leurs connaissances des animaux et du piégeage que les trappeurs sont appelés à intervenir en déprédation. « Quand on dit «déprédation», c’est ce qui est nuisible. «Nuisible», c’est en rapport avec l’humain. Parce que dans la nature, il n’y a aucun animal qui est nuisible envers l’autre », rappelle sagement L’Gros Trappeur. « On prône d’abord la prévention, ensuite l’effarouchement et en dernier recours l’abattage », explique-t-il.

 

les yeux des biologistes

Les yeux des biologistes

Contraints par des budgets restreints et de nombreuses tâches administratives, les biologistes sont souvent confinés dans leur bureau et ne peuvent pas toujours constater d’eux-mêmes l’évolution de la faune et de la flore sur le territoire. Les trappeurs deviennent donc ni plus ni moins que leurs yeux sur le terrain. Récemment, des trappeurs du Témiscamingue ont d’ailleurs contribué à étudier les impacts des travaux forestiers sur la martre et le pékan.  

Les captures des trappeurs contribuent aussi à informer les biologistes sur l’état des populations animales. Chaque trappeur remplit un carnet à l’intérieur duquel il note ses prises. 

Avec les changements climatiques, les domaines vitaux de certaines espèces se transforment, s’étendent vers le nord. De nouvelles espèces apparaissent sur les territoires des trappeurs. Les observations des trappeurs, compilées sur plusieurs années, contribuent à documenter ces changements. Par exemple, la présence du raton laveur est assez récente en Abitibi-Témiscamingue. 

Les cultures ont changé parce que les hivers sont plus doux. Au Témiscamingue, tu ne voyais pas ça les champs de blé d’Inde avant! Le raton laveur, lui, il est friand, de blé d’Inde!

 

fourrure bio et local

La fourrure, un produit local et bio!

Le manteau de fourrure de votre grand-mère, sur lequel vous dormiez, à une certaine époque, pendant le temps des fêtes… vous vous souvenez? Il était doux, il était chaud, mais comme il était lourd! Depuis, une panoplie de matériaux ont substitué les poils d’animaux pour confectionner nos manteaux. Ceux-ci sont certes très légers et très efficaces, mais bien souvent faits à partir de plastique ou de pétrole. Même pour la fourrure synthétique. Après 5 ou 10 ans, fini le beau capuchon, sauf pour le dépotoir où il prendra de nombreuses années à se décomposer. Un vêtement ou un accessoire en vrais poils, lui, peut durer jusqu’à 100 ans, à condition, bien sûr, de lui avoir prodigué un peu d’amour!

Il faut être honnête, on ne se mettra pas à porter du poil de la tête aux pieds comme dans les années 1970! Mais il se trouve néanmoins que la fourrure est une ressource naturelle accessible et exploitée de façon créative localement en Abitibi, au Témiscamingue et ailleurs au Québec. L’Gros Trappeur fabrique même des coussins en courtepointes de fourrure. Fourrures Grenier a fait sa renommée avec ses durables bottes de poil qui peuvent garder des pieds au chaud pendant plus de 20 ans. L’entreprise Ecogriffe – fourrure recyclée réinvente les tuques à pompons et les coquettes paires cache-oreilles… justement avec les vieux manteaux de grands-mères!  

 

bijoux lgros trappeur

Crédit photo: L’Gros Trappeur Fourrures Inc.

Pas de gaspillage!

Pour L’Gros Trappeur, une bonne façon d’honorer la perte de vie d’un animal est de récupérer tout, tout, tout et le transformer. Même avec des petits morceaux de fourrure de deux pouces carrés, sa conjointe, Claude Cardinal, réussit à confectionner d’originaux bijoux. L’entreprise utilise aussi des peaux d’orignal de la tannerie «Tribal Spirit» qui récupère les peaux d’une boucherie qui… autrement, iraient à la poubelle! « Ce cuir-là dépasse 10 fois le cuir de vache tanné au Pakistan! C’est un cuir qui, au froid, va rester avec une souplesse. Il va raidir, mais pas autant que la vache. Il va mieux prendre l’eau que le cuir de vache. Un orignal c’est rough’n tough», explique Pascal Laliberté. 

Il peut aussi arriver que certains animaux, qui ne sont pas ciblés par le trappeur, se fassent accidentellement capturé dans un piège. Encore là, rien n’est perdu! Par exemple, un écureuil peut servir à orner le col d’imperméables de type trench coat, très populaire en Angleterre. Le poil d’écureuil trouve aussi preneurs auprès des pêcheurs et pêcheuses qui l’utilisent pour fabriquer des mouches ainsi qu’auprès d’artistes qui utilisent cette fourrure pour confectionner des pinceaux.

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