Lac Simon se mobilise pour son pow-wow
Festifs, culturels et spirituels… les pow-wow sont connus pour être des événements rassembleurs pour les Premières Nations. De plus en plus de Québécois et Canadiens non autochtones s’y adonnent également dans un esprit d’ouverture et d’échange. Le pow-wow de la communauté algonquine de Lac Simon représente non seulement une fête pour ses membres, mais aussi une occasion de mobiliser les membres de la communauté.
Aller en forêt
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’épisode Pow-Wow de la deuxième saison d’Abitibi360, ne commence pas aux traditionnels rythmes des tambours. Il débute plutôt au son de la tronçonneuse. Après quelques secondes, l’arbre tombe et on apprend qu’il servira à l’abri des drummers du pow-wow. « On le fait tomber, on enlève les branches, et après ça, on l’écorce », a expliqué Jerry Hunter lors du tournage.
L’opération ne relève pas simplement de la technique et de la logistique. Oui, il faut savoir que l’arbre idéal est de l’épinette. « Il faut que ça soit toujours droit », précise-t-il. Mais ce n’est pas tout. Il faut mettre en application un savoir plus large. C’est en fait à travers le savoir traditionnel des Anishnabe, voire une démarche spirituelle, que Jerry Hunter prépare avec sérieux le pow-wow de sa communauté.
« La nature, ça nous parle. Chaque fois qu’on coupe un arbre, on va le remercier. L’arbre est vivant lui aussi », nous rappelle-t-il sagement.
Préparer le site
Dans dans les médias ou sur les réseaux sociaux, les pow-wow sont pratiquement toujours représentés avec les rythmes de tambours envoûtants et les habits flamboyants (évitez de dire «costume»!!!). Dans Pow-Wow, nous sommes immergés dans l’arrière-scène de ce qu’est finalement un pow-wow. Nous quittons les images bucoliques, voire folkloriques, clichées des pow-wow, pour être témoins privilégiés de la dynamique de la communauté à quelques jours du grand événement.
Jerry Hunter sort de la forêt pour passer la tondeuse sur le terrain de base-ball. Arrivé à « l’Indian Time », son collègue Marc-André vient le rejoindre pour planifier l’arrivée du « loader » pour le lendemain, l’installation des poubelles et des « food stand », où on se délectera de banik, de pogos et tacos « indiens », ainsi que de délicieuses poutines. « C’était ben bon », a d’ailleurs commenté le réalisateur de la série Serge Bordeleau.
La solidarité et la camaraderie propre des Premières Nations sont aussi au rendez-vous, particulièrement lorsque quatre hommes s’entraident à hérisser le mât de l’abri des drummers. L’image rappelle pratiquement la photo d’Iwo Jima, sur laquelle des marines américains lèvent à bout de bras le drapeau de leur pays, mais en mieux, avec une sympathique maladresse à la fin de l’opération. « C’est magique! », s’émerveille Jerry Hunter.
Et malgré toutes les tâches à accomplir, il ne faut surtout pas manquer le bingo du jeudi!
Crédit photo: Christian Leduc
Confectionner les regalia
Dans l’épisode, on aperçoit brièvement un groupe de femmes dans une salle de couture. Au moment du tournage, elles étaient dans les derniers préparatifs avant l’événement. Émilia Cheezo, 25 ans, est l’une d’entre elles. Nous ne l’entendons pas dans le documentaire, mais l’équipe a longuement échangé avec elle. « Ce n’est pas la même jupe que tu mets tous les jours que tu mets au pow-wow. C’est plus cérémonial », a-t-elle expliqué.
Trois semaines avant son pow-wow, la communauté de Lac Simon achète du matériel et offre des ateliers de confection de regalia à ses membres. Cet art traditionnel demande beaucoup de patience et beaucoup de créativité. Réprimandé par l’Église catholique, il s’est perdu pendant de nombreuses années, mais regagne en popularité. Émilia Cheezo en est elle-même un exemple. « Moi, ma mère, elle ne m’a pas montré à danser. Mais moi, j’ai montré à mes filles d’aller danser. Je faisais leurs habits. C’est pour ça que j’ai appris à coudre. La première fois que j’ai fait un regalia, c’était pour elles ».
Crédit photo: Christian Leduc
S’habiller et se coiffer
Pour certains, cette dernière étape se déroulera dans une ambiance festive en groupe, pour d’autres, comme Jerry Hunter, elle se tient dans un climat très solennel. Sur une nappe colorée sont soigneusement étendues toutes les pièces de son flamboyant regalia qu’il mettra un à un. L’épisode Pow-Wow nous donne droit à cette incroyable intimité du danseur. Et là, on les entend ces enivrants rythmes de tambours. «Wow!», comme s’exprime si souvent Jerry.